et toi comment aimes tu perdre tes journées?

Cher journal,

Tu es bien le seul à m’écouter, alors je vais te raconter ma journée.

Aujourd’hui, entretien à Caen à 9h30 donc départ de panam à 7h ; rien de tel pour pas bien commencer une bonne journée. Bien sûr direction la Normandie et la pluie dès Mantes-La-pas-Jolie, et plus de soleil… où es-tu ?, j’aimerai bien conserver ce beau ale bronzé qu’on a fait tous les deux ce week-end. Enfin bref, me voili-voilou, tout pas frais, pas trop dispo non plus, après avoir « jouer » aux voitures avec 3 camions qui se sont ligués contre ma 206, « pas de règles, ils m’ont dit, tu vas morfler pour les autres », alors moi je suis parti.

Alors le cabinet de recrutement, bah cabinet, rien de particulier à dire, on sait pas a quoi ils servent car ils rencontrent et présentent que 3 candidats. Je vois pas trop l’intérêt, après tout c’est pas mon argent.

Donc des tests encore des tests mais là je m’en suis bien sorti, car on m’a ressorti le même test de logique que jeudi dernier à Lyon… elle va croire que je suis trop balèze la dame. « prenez le, c’est un génie logique »… ou pas.

Mais là le plus drôle, on me dit bah maintenant mon garçon (si si je suis son garçon et même que peut-être y avait le bah).

-             - Donc bahbibel, faut que vous alliez chez le client à L’Aigle (61305).

-             - S’il le faut, pas de soucis, mais pouvez vous me parler de la société avant d’y aller ?

-              - Ahh bon, (on est pote en fait) on vous l’a pas dit ?

-             - Non non ma poule, t’as pas voulu me le dire – secret défense (j’ai vu les snipers qui m’ont surveillé sur l’A13 perchés sur leur blackhawk.

-             - Ohhh quel dommage, alors je vous explique…

-             - (20mn plus tard). Très bien merci pour le complément d’infos, j’aurai l’air moins con devant le DAF. Mais maintenant je veux bien savoir où je dois me rendre.

-             - Comment ça vous ne le savez pas ?

-             - Toujours pas (secret défense oblige).

-             - Donc c’est à 2h de route de Caen, par les départementales.

-             - Très bien, mais j’ai rendez-vous dans 1h30 d’après ce que vous m’aviez dit.

-             - Bon bah eh bin, je vais les appeler pour leur dire que vous avez pris du retard !

-             - (ok, je leur dirai que vous n’étiez pas compétente)…

Donc mon mcdo mangé en 5-5 sans tâche sur ma splendide cravate rouge, trop la classe, je me rends dans ce formidable trouperdu, où tu passes par trop de hameaux et trop de ronds-points. Et en fait, ce qu’il faut savoir, bah c’est qu’il faut en moyenne en Basse-Normandie, dans le département de l’Orne et dans le pays de la suisse normande 5 hameaux pour faire un village. Donc grosse déprime, car mon petit plaisir perso en voiture, c’est de voir où j’aimerai bien vivre si j’avais le job, ou pas (j’ai des joies simples) – la pluie ça aide pas, surtout quand tu fais de l’aqua planning.

Mais mon grand moment de solitude est quand j’arrive à L’aigle et que je me dis que Bécon-Lès-Bruyères compte plus de commerçants, de gens et tout ce que tu veux.

Moi de toute façon, peur de rien, je veux partir de Paris et avoir un super job de généraliste… trop j’ai choisi la bonne industrie méta à l’ancienne.

Mais là bien sûr, les locaux sont dégueulasses, y a des fuites dans les bureaux, les gens ils sont pas beaux et grande et belle nouvelle qui m’a émerveillé (j’ai fait mon plus beau sourire de faux cul, pris ma voix la plus décidée ainsi que ma meilleure argumentation pour le convaincre, essayer de le convaincre, faire bonne figure, ne pas lui montrer que j’avais envie de pleurer), "il faut vivre à l’Aigle", 10.000 âmes, berceau de l’eugénisme bas-normand, si t’as un CAP t’es le roi (constatation, pas une critique), moyenne d’âge sûrement pas loin de la cinquantaine. Mais je crois quand même qu’il a trouvé l’argument qui saura me retenir, ne vous inquiétez pas il y a une équipe de rugby (merci de ton intervention, tu sais lire un CV dans la case hobbie !! as-tu vu que j’ai 27 ans, jeune et vigoureux et que je viens de Paris, donc j’aimerai bien avoir une étape transitoire avant de crever de solitude). Maintenant je comprends mieux pourquoi la consultante m’avait vendue la boîte comme jamais – moi je croyais qu’elle avait des actions.

Donc j’épargne les détails du retour par la départementale pendant deux heures pour rejoindre Evreux + 1h30 pour Paris sous des hallebardes de pluie.

Toi aussi raconte ton entretien le plus pourri qui t’aura coûté de la tune, du temps et t’aura dégoûté de la campagne. Même pour 45k€, j’y vais pas je crois.

boujoux